vendredi 18 décembre 2009

Jour 56-57-58 : Cambodge nous voilà! (Phnom Penh)

Après un mois, nous quittons le Vietam pour son voisin cambodgien. Déjà les gens parlent plus anglais, ils semblent plus avenants (selon moi), ils sont plus foncés, plus beaux (selon moi toujours!) et les routes sont beaucoup moins bonnes (pas selon moi seulement).

À bord de notre minibus, nous nous dirigeons vers Phnom Penh avec que des Cambodgiens, leurs enfants et leurs provisions (je pense que le camion servait aussi de transporteur de marchandises x et y).
Nous sommes arrêtés 1000 fois, il faisait chaud, les fenêtres ouvertes ont fait en sorte que nous étions oranges de terre (encore) (quoique moins qu'à Phu Quoc où là, c'était vraiment intense!)
Nous avons vu des champs, des vaches, vaches, vaches (beaucoup!), un éléphant (Amélie était contente!), beaucoup d'enfants qui travaillaient (mais nous étions dimanche, alors on peut espérer que la semaine au moins quelques uns d'entres eux vont à l'école....dans ce pays où il y a beaucoup d'enfants travailleurs), les femmes en pyjama dans la rue (ça doit être un spécial dimanche matin!), les moines qui vont de porte en porte pour récolter les offrandes, etc. Tout en couleur, tout en soleil et tout en sourires, les Cambodgiens m'ont charmée rapidement.

Arrivées dans la capitale, l'ancienne ''perle d'Asie'', nous nous sommes dirigées vers notre hôtel. De là, nous sommes allées manger des plats Khmers dans un restaurant où les serveurs étaient absolument A-D-O-R-A-B-L-E-S. De plus la nourriture était tout aussi excellente. Par contre, je ne me rappelle malheureusement plus des noms. (Ça nous a pris un mois pour apprendre à se débrouiller avec un peu de vietnamine... le cambodgien n'aura peut-être le temps de s'installer (très sommairement) dans nos esprits).

Après s'être remplies l'estomac, nous avons exploré la ville en suivant une marche ''around town'' suggérée par le Lonely Planet et qui nous amène à tous les centres d'intérêt. C'était long (étant donné la chaleur), mais ça a valu la peine, ça c'est certain!

Un moment clé de notre promenade : lorsqu'un jeune homme vient nous parler dans un parc (plein de singes) au pied d'un temple (Wat Phnom). Il venait parler pour parler, pour pratiquer son anglais et ça s'est avéré vrai (étant donné certaines expériences passées, je reste toujours sur mes gardes). Nous étions très contentes que ce soit un échange sincère sans but monétaire en bout de ligne car il était vraiment sympathique, rieur et enjoué. Son anglais était sommaire, mais nous nous comprenions et c'était très drôle. Il avait 22 ans, mais une figure d'enfant, trop cute.

Une observation fort agréable : les chauffeurs de tuk-tuk (qui laissez-moi vous dire sont très ''classe'' comparé à ce que j'ai connu ailleurs... on dirait des calèches!) nous demandent toujours si nous voulons aller quelque part (même chose pour les chauffeurs de motos), MAIS, un ''non merci'' avec un grand sourire termine la discussion par un sourire de leur part... et c'est fait, nous pouvons continuer. Pas de harclèment, pas de pression. Bon, il y a des exceptions (autour des endroits touristiques et des guesthouses), mais règle générale c'est juste un échange doux et rapide.

Autre observation : les serveurs dans les restaurants trippent sur les enfants (très jeunes) des étrangers. Ils les prennent dans leurs bras, leur montrent des trucs, bref ne les lâchent pas jusqu'à leur départ. Ils sont siiiiiii contents de pouvoir passer du temps avec ces enfants qu'on dirait qu'ils en sont eux-mêmes.

Toujours dans l'obervation : il n'est pas rare de croiser des moines ou des soeurs et de les voir assis derrière un chauffeur de moto, le coco au soleil et la tunique au vent. J'aime. C'est tout.

En rentrant vers notre hôtel, nous devons passer par un grand parc proche du palais royal. Le soir, cet endroit se remplit (surtout la fin de semaine bien sûr) avec des gens qui font de l'aérobie, qui jouent au badmington, au ballon, qui regardent des jeux de fontaines (on dirait des feux d'artifice avec de l'eau et des lumières)... les gens parlent, dansent, crient, rient, s'amusent en mangeant des blés d'inde, c'est une ambiance vraiment agréable et festive!

Notre deuxième journée s'est divisée en 2!
1)
Ambassade du Laos pour obtenir notre visa, la frontière que nous allons traverser ne délivre pas encore de visas sur place car elle vient d'être ouverte. Laissez-moi vous dire que 47$US pour un visa de 30 jours c'est cher payé! Dire que l'année passée c'était encore 25$. Amélie était outrée, d'autres Canadiens sur place encore plus... Il y avait un Américain trop drôle qui habitent à Londres depuis 25 ans (et qui dit être né aux États-Unis par erreur) a du payer 50$US (au lieu de 30$ pour les Anglais) car il avait son passeport américain... Moche. Bref, qu'est-ce que notre gouvernement a bien pu faire pour que ce soit rendu si dispendieux aller là-bas ? Il voulait qu'on paie plus pour l'avoir plus vite... euh not! On va attendre!

2)Musée Tuol Sleng (passage obligé de tout voyageur qui se respecteet et qui respecte les Cambodgiens!!) où nous sommes restées longtemps à lire et à regarder des photos qui racontent le génocide qu'ont perpétré les Khmers Rouges entre 1975 et 1979 (les chefs s'en sont sortis beaucoup trop bien selon moi!). Différents historiens évaluent le génocide à entre 700 000 (pour le plus optimiste) et 4 000 000 (pour le plus pessimiste). La majorité disent 1.2 à 2 millions. Peu importe le nombre, c'est trop! Pol Pot a vraiment fait des ravages et la prison que nous avons visitée en est une preuve flagrante. La torture était poussée à son maximum. Enfants, femmes et hommes y passaient. Souvent pour aucune raison.

Le but ? Faire du Cambodge un pays où tout le monde est ''égal'' (dans le dur labeur et le partage des richesses), qu'on n'ait plus besoin d'argent (devises), que ce ne soit que des échanges, que le pays soit auto-suffisant, que l'éducation soit abolie (c'est inutile et une perte de temps), même chose pour les cérémonies religieuses. Il fallait travailler et travailler. Juste travailler. Pourtant, les ''leaders'' de ces atrocités ont presque tous été formés en France... perte de temps j'imagine!

Les gens des villes étaient envoyés pour travailler dans les champs (Phnom Penh a d'ailleur été vidée de ses habitants par l'annonce (fausse) que les Américains allaient bombarder la ville. Je comprends que les habitants y aient cru puisque lesdits Américains bombardaient beaucoup l'est du pays pendant la guerre du Vietnam). Ensuite, ils ont du aller vers les campagnes. Ceux qui ne voulaient pas partir ont été tués. Les riches et les gens éduqués étaient tués. Des intellectuels faisaient semblant d'être illétrés pour éviter la mort. Des ''nouveaux'' médecins étaient formés en 3 mois et l'enseignement était si incomplet que tout le monde mourait dans les hôpitaux. Bref. Je ne comprends même pas comment on peut arriver à penser qu'une société idéale ressemble à ça.

Les combattants des Khmers Rouges, qui étaient recrutés dans les campagnes (même des enfants ou adolescents en faisaient partie... surtout pour leur ré-éducation à la ''bonne'' façon de vivre révolutionnaire), ne voulaient souvent même pas y aller. D'autres y allaient de leur propre gré pour éviter d'être tués ou encore parce qu'ils espéraient améliorer le sort de leur pays. Plusieurs ''ré-éduqués'' subissaient un lavage de cerveau et devenait des meutriers sans pitié... allant même jusqu'à tuer leurs amis et leurs familles. Le pays étant déjà déchiré par la guerre civile, certains voulaient suivre les ''révolutionnaires'' sans savoir dans quoi ils s'embarquaient. Souvent, ils devenaient des bourreaux pour sauver leur peau et celle de leur famille. Les Khmers Rouge tuaient même leurs propres combattants (ils ne les appelaient pas des soldats). Les gens étaient encouragés à écrire leur ''biographie'' pour que l'on sache qui devrait mourir avant tout. Les gens qui avaient été évacués des villes étaient les ''nouveaux paysans'', moins dignes de confiance et à abattre rapidement. Les gens dans les villages s'épiaient les uns les autres pour dénoncer les mauvais comportements et ainsi éviter d'être perçus comme des ''anti-révolutionnaires''. Bref, un climat de peur, une perte de confiance totale les uns envers les autres, des morts partout, un vrai cauchemar qui n'a pas encore quitté les esprits. Une nation à reconstruire, une confiance à rebatir pour un peuple qui s'est entre-déchiré.

Les Khmers Rouges, même s'ils ont été officiellement défaits par les Vietnamiens (qui sont venus en aide au peuple cambodgien quand ils se sont eux-mêmes fait attaquer à la frontière) ont continué de bombarder et de traumatiser l'est du Cambodge jusqu'à la fin des années 1990. Il reste énormément de mines antipersonnelles dans les sols cambodgiens, il y a encore beaucoup d'armes en circulation et certaines sont utilisées pour faire tirer les touristes dans des champs de tirs... Tout pour faire de l'argent dans ce pays pauvre qui vient de s'ouvrir à l'étranger il y a à peine 10 ans... c'est normal direz-vous. Je ne sais pas. On déterre encore des cadavres, ils sont analysés et certains exposés. Toutefois, ça crée des tensions car certains veulent que l'on voit les atrocités commises, alors que les familles des victimes voudraient les incinérer ou les placer dans un endroit spéciale pour que leur âme aille en paix, comme le veut la tradition bouddhiste. Débat. Culture versus histoire.

Killing Fields

Autre passage obligé et troublant à 15km de la capitale. Après une route en tuk-tuk de 30 minutes dans la banlieue (magnifique, pleine de maisons sur pilotis en bois et en taule sur le bord de l'eau) de Phnom Penh nous arrivons au site. Déjà que le trajet nous montrait un côté beaucoup plus pauvre du Cambodge, nous continuons dans la tristesse avec l'exposition de l'endroit où des dizaines de milliers de Cambodgiens ont été tués sauvagement. Nous marchons autour des sites d'enterrement, nous rentrons dans le stupa (érigé en mémoire des victimes) qui contient des centaines de crânes, nous contournons des lacs où encore des milliers de corps gisent sous l'eau. Ce n'est pas jojo. Du tout. Ce qui marque le plus, c'est la façon brutale dont les gens étaient tués. Pour ne pas gaspiller les précieuses munitions, ils étaient battus à mort avec des haches, des bâtons, des barres de fer, etc. Le plus marquant, ce sont les bébés qui sont pris par un pied et envoyés en l'air pour qu'un ''combattant'' leur tire dessus (comme une chasse aux oiseaux), ou encore qu'on leurs fracasse le crâne sur un tronc d'arbre en les tenant par les pieds. Presque tous les corps, homme, femmes, enfants, avait des marques de tortures au niveau de la tête. Des trous, des creux, des fissures, etc.

Une fois tués, les corps étaient brûlés avec des produits chimiques pour éviter la fumée, puis enterrés rapidement pour que les paysans travaillant dans les environs ne se doutent de rien.

À Phnom Penh, nous avons beaucoup appris sur l'histoire, nous avons échangé plus de sourires que pendant tout notre mois au Vietnam, nous avons écouté une mamie laver des draps à la main (beaucoup de frottage) tous les matins à partir de 5h30, nous avons trouvé très drôle de voir un papi s'assoir sur son scooter, son chien se lever (sans se faire appeler) et monter sur la partie qui sert à mettre les pieds du conducteur pour s'y coucher... prêt à partir. Nous avons eu chaud, nous avons vu plus de pauvreté qu'ailleurs, plus de mendiants et d'enfants mendiants. Je pense à ce petit bonhomme de 6 ans maximum qui faisant son lavage sur le bord du Tonle Sap au lieu d'être à l'école. C'est difficile etc'est la réalité de bien trop de pays!

4 commentaires:

  1. Nice, je suis contente que le Cambodge vous plaise. Je me suis parfois sentie épieuse en tant que touriste, ces gens là sont tellement meurtris et méfiants, ils ne sont pas prêts pour le tourisme, dans certaines régions du moins. Mais c'est vrai qu'ils sont adorables en général et c'est aussi le seul endroit que j'ai visité ou la pluapart des conversations enclenchées par les gens locaux n'otn pour but que de pratiquer leur anglais. J'adore te lire Véro!!!! Joyeux Noel au Cambodge!!!
    Annie S. xxxx

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  2. Oui! J'avais eu des mauvais commentaires sur le Cambodge, mais je pense que c'est parce que certains oublient de remettre en contexte et avec toute l'histoire si récente des atrocités! Méfiants et meurtris ce sont les bons mots!
    Joyeux Noël à toi aussi ! xxx

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  3. Bonjour, Quand j'ai lu votre blog du 18/12, ça me rendre triste, par ce que j'ai vécu avec les Khmer Rouge (j'avais 18 ans), cette histoire vécu, je l'ai gardé au fond de moi (très peu parler dans les détail avec mes amis), mais vous avez raison d'en parlé, je n'ai pas encore retourner au Cambodge à Phnom-Penh où je suis né jusqu'à prensent, j'éspère que le Cambodge vous plaire.

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  4. Tu savais que la dame du resto près des passes-saison (madame Wong) avait fuit le cambodge durant la guerre. Elle s'est établit au Qc avec sa famille, mais elle a laissé plusieurs personnes derrières et n'y est jamais retourné. On a échangé 15min l'été dernier, mais ce sont des souvenirs difficiles pour elle.

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